Contes d'Essonne 2 - L'animal chimérique

Publié le par V.Vlan

Tout de même un peu curieux j'ai été voir sur wikipédia si cet aéromachin était aussi ennuyeux que moi. Et là première surprise c'est pas dans les années vingt que je me retrouve transporté mais dans les sixties, les dernières, la grande époque des Stones et des Beatles, le début des Doors et de toutes les bonnes choses. Ça cause de coussin d'air, de turboréacteur, de rail de béton, de fusée à poudre et puis il y a la photo de ce prototype, je vous jure, à faire passer la batmobile pour une Renault Megane. Une invention d'un ingénieur français, Jean Bertin. 200 km/h en 66, 345 km/h en 67, 422 km/h en 69, on parle bien de voie terrestre avec conducteur et passagers. Je relis encore j'ai pas la berlue, je tape TGV dans la recherche, premiers essais en 72, 318 km/h. Qu'est-ce que c'est que cette bête chimérique d'aérotrain ? Tout ça a vraiment existé ? C'est un peu comme si on m'avait annoncé que dans les années quarante une cape d'invisibilité avait été inventée par des savants russes mais que le tout avait été perdu pendant la guerre et que depuis on n'avait jamais retrouvé la formule. C'est une licorne. D'un coup je me mets à aimer cette bête. Je veux en savoir plus et je demande à google de m'aider. J'ai le cœur qui fait des bonds : les premiers essais ont été réalisés sur une voie expérimentale entre Gometz et Limours, en suivant le tracé d'une ligne désaffectée qui reliait Paris à Chartres. Le site d'essai se trouvait à l'endroit du grand rond-point, le giratoire de l'ingénieur Bertin, là où les lapins couraient, le bout de béton posé au centre est en réalité un tronçon de rail de la voie historique. Le tunnel aux lueurs orangées que j'empruntais tous les jours avait remplacé les premiers mètres de la voie. Je trouve rien sur les restes matériels de l'aventure. Apparemment pas grand-chose à part ce bout de béton.

 

Et puis il y a le choc des vidéos. J'ai le réflexe YouTube malgré mon scepticisme : autant chercher une vidéo d'une chimère vous comprenez, c'était vraiment ça l'effet que tout ça me faisait. A-é-r-o-t-r-a-i-n-Entrée. Des vignettes apparaissent. J'ose pas encore y croire. Je clique et là... C'est... c'est... c'est comme un ouragan qui est passé sur moi. Je sais pas bien pourquoi mais ça me prend aux tripes. Il y a deux prototypes bien différents. Il y a celui de la sculpture. Ça ressemble à rien de ce qu'on connaît. C'est pas un train, c'est pas un avion, c'est pas un engin spatial. C'est une chimère. Je vois l'animal fantastique traverser les champs de cette Essonne morte, où ne pousse que du blé et de l'ennui, à plus de 300 km/h et c'est tellement beau et irréel que ce doit être une illusion. Et cet engin vole au-dessus du rail sans jamais le toucher. Un rail de béton. Sans roue. Je suis un vieux sentimental dégoulinant mais si ça c'est pas de la poésie alors... alors... rien. Demain je partirai à la recherche des traces laissées par ma chimère.

 

 

 


Publié dans Journal

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K
<br /> Ils ont des tronches de Tanguy et Laverdure du rail en plus, c'est sympa.<br /> <br /> <br />
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K
<br /> intéressante cette découverte, un peu magique en effet, et tu nous raconte ça si bien qu'on fini par partager l'idée avec toi qu'il s'agit là d'un trésor. Dit autrement,j 'en aurais eu rien à<br /> battre ! bien vu.<br /> <br /> <br />
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