Le Prince I

Publié le par V.Vlan

Sur la gauche de la scène, un château avec un balcon. Sur la droite, en suspension, la pleine lune. La scène est uniquement éclairée par la lumière blanche de la lune.

Le prince entre par la droite, le gps à la main, la tête penchée dessus. Il suit les instructions du gps, sans jamais relever la tête.

 
Scène 1
Le prince, le gps
 
Le gps : Vous êtes arrivé à destination.

Le prince, relève la tête et regarde autour de lui : Tu es sûr que c’est ici ? Je ne vois ni pont, ni grotte. Tes cartes sont bien à jour ?

Le gps, apparemment irrité : Vous êtes arrivé à destination.

Le prince : Que tu es têtu ! Tu vois bien que nous ne sommes pas dans la forêt des Bruyères Pubescentes. J’ai vu plus de végétation dans le désert des Monts Pelés que je n’en vois ici. Peux-tu au moins me donner le nom de ce château (il montre le château devant lui) ?

Le gps, silencieux, puis au bout de quelques secondes : Tournez à droite après cinq-cent-mètres.

Le prince : Très bien, je vois. Tu es perdu. Je me demande parfois à quoi tu sers. Il le range dans sa poche. On entend le gps : continuez tout droit pendant deux kilomètres. Il l’éteint. La nuit est bien avancée, et je me sens fatigué. Tâchons maintenant d’obtenir l’hospitalité chez les hôtes de ce château. De plus, la faim me gagne, et je parierais mon cheval qu’un si grandiose édifice abrite les plus somptueuses victuailles pour régaler mon estomac délicat et raffiné. Je m’en délecte d’avance. Le vin aussi doit y être exquis, qu’il soit rouge, blanc ou rosé. Je pourrais même y rester un jour ou deux, si la chambre est confortable et le lit accueillant. Allons parlementer, et usons de notre charme. Il va taper à la porte du château, trois coups énergiques. Ohé, du château ! Je suis le prince Rémi, ouvrez ! Silence. Il tape trois nouveaux coups, plus fort. Après quelques secondes, il entend du bruit venant du balcon.

 
 
Scène 2
Le prince, la princesse
 

La princesse, apparaissant au balcon : Chuut, moins fort s’il vous plaît, vous allez réveiller mon père, qui sait être peau de vache quand il est tiré de son lit en pleine nuit. Vous êtes vraiment prince ?

Le prince, qui n’a pas encore vu la princesse, au-dessus de sa tête. Il se recule de quelques pas tout en parlant : Bien sûr, Madame…

La princesse, l’interrompant : Mademoiselle ! Et je suis princesse !

Le prince, qui s’est suffisamment reculé pour voir la princesse. Elle est éclairée par la pleine lune : Princesse, … Il s’interrompt. Parle à lui-même. Foutre Dieu, jamais je n’ai vu beauté plus enivrante. Même la lune pleine et grasse n’irradie tant de voluptés…

La princesse : Mon prince, mon doux, mon étalon, ma monture, ma colonne, vous me parlerez de ma beauté tout à l’heure. Ca fait si longtemps que je vous attends ! Montez vite, mon lit a été changé aujourd’hui, et les draps sentent encore la frigoule et le serpolet. L’oreiller est tout de vanille et de chanvre, et très bien insonorisé. Venez, grimpez, et rejoignez-moi, mon prince !

Le prince, hésitant et passionné : Ma lune, si j’étais poète, que de belles choses j’aurais à vous chanter. Hélas, votre beauté me désarme, et les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens réellement en vous voyant.

La princesse : Mon prince, les mots sont inutiles, je vois bien l’effet que je vous procure à la lumière de la lune. Mais je vous en conjure, parlez moins fort ! Il y a juste là une gouttière sur laquelle vous pouvez grimper. Ensuite, vous n’aurez qu’à prendre appui sur la frise, ici, pour atteindre le balcon. Ne me faites pas attendre plus longtemps, mon amour, et venez me combler de toute votre passion naissante.

Le prince : Princesse… Je ne peux entrer dans votre chambre comme un voleur… Que dirait votre père s’il me surprenait ?

La princesse : Mon père dort, et ne se réveillera pas avant l’aube, si vous consentez enfin à vous taire. La gouttière, juste là ! Ne me faites pas languir plus longtemps !

Le prince : Mon soleil de mes nuits, je veux vous prouver tout mon amour en faisant pour vous un acte héroïque. Commandez-moi, j’exécuterai !

La princesse : Oh, vous savez bien quel acte héroïque j’attends de vous… Elle rougit. Pouffe. Après quelques secondes. Venez me décrocher la lune, mon Prince !

Le prince : Vous décrocher la lune… Oh… Oh ! La lune, évidemment ! C’est la lune que vous voulez ! J’aurais dû y penser, c’est le moins que votre beauté puisse demander. Eh bien, vous avez commandé, j’exécuterai ! Je m’en vais de ce pas vous la décrocher, et ainsi vous prouver mon courage et ma bravoure. Je ne reviendrai pas sans la lune sous le bras, ma mie, je le jure. Je vous promets d’être revenu avant l’aube, la lune avec moi. Il s’en va vers la lune.

La princesse : Attendez ! Le prince s’arrête et se tourne vers la princesse. Vous ne m’avez pas comprise. Ce n’était pas de cette lune là dont je vous parlais… Je vous parlais de… Elle rougit encore. Quelques secondes passent. De MA lune !

Le prince : Votre lune ? Princesse, je n’en connais qu’une, c’est celle-là. (Il montre la lune sur la droite de la scène) Moqueur. Je ne savais pas qu’il y en eut une autre qui vous appartenait ! Me feriez-vous marcher ?

La princesse, à part : Mais qu’ai-je donc fait au Ciel ? Le premier prince qui passe par ici depuis que la nature m’a faite femme, et c’est un puceau. Pourquoi le sort s’acharne-t-il ainsi ? Haut. Oui mon prince, c’était une plaisanterie pour vous amuser. De la chambre de la princesse, on entend un wizz msn. La princesse tourne la tête et semble maintenant pressée de se débarrasser du prince. Mais courez maintenant vers la lune, mon brave, et comme vous me l’avez promis, ne revenez pas avant de l’avoir décrochée ! Adieu, prince Rémi ! Et elle rentre rapidement dans sa chambre.

Le prince : Je ne serai pas long, princesse ! Je… je vous aime. Et il part vers la lune.

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G
argh que c'est bon ça.... encore!
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M
ohé t'es dans lcoin beau prince ??
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M
bisous toi!
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C
vlan!!!!!!!!!!!
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C
zut t'es louppé<br /> pas dans coin ti gars ?
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